Découverte et Exploration
L’apothéose d’Edouard-Alfred Martel
Inexploré pendant des millénaires, l’Aven Armand était un abîme, un gouffre, objet de légendes terrifiantes, gosier du diable, accusé d’avaler les troupeaux et les voyageurs égarés.
C’est à Louis Armand que l’on doit la découverte de la grotte. Il l’explora en compagnie d’Edouard-Alfred Martel, père de la spéléologie et d’Armand Viré, inventeur de la biospéléologie.
Louis Armand, forgeron au Rozier, fut le compagnon et le contremaître de Edouard-Alfred Martel au cours de la plupart de ses expéditions souterraines pendant près de 20 ans.
Le 18 septembre 1897, à l’hôtel des Voyageurs du Rozier, Louis Armand annonce à Edouard-Alfred Martel : « Hier, en redescendant de la Parade, je suis tombé par hasard sur un maître trou… les grosses pierres que j’y ai jetées s’en vont au diable avec un vacarme pire que partout. »
Le 19 septembre 1897 après-midi, Edouard-Alfred Martel, Armand Viré et Louis Armand arrivent sur les lieux par un vent glacial. Ils sont lourdement équipés : « Mille kilos d’échelles, cordes, téléphone, lit de camp, caisses de luminaires, vêtements, provisions, outils… », écrira Edouard-Alfred Martel. Louis Armand descend en premier l’apic de 75 mètres, sans rencontrer de difficulté majeure. Dès qu’il prend pied au sommet du cône d’obstruction, il s’écrie dans le téléphone : « Superbe… ! Magnifique… ! Une vraie forêt de pierres… ! En voilà une trouvaille… ! » … « Monsieur Martel, c’est splendide ! Il y a au moins 100 colonnes. La plus haute a bien 25 mètres. Je n’ai jamais rien vu de pareil. Il remontera à la nuit, « avec une figure comme on ne lui avait jamais vue et que son récit illuminait davantage encore ».
Le 20 septembre, le lendemain, Armand Viré puis Edouard-Alfred Martel descendent à leur tour à la suite de Louis Armand et dressent une cartographie de l’ensemble, après avoir découvert un second puits de 87 mètres vers les profondeurs. L’expédition se prolongera jusqu’au 21 septembre.
Edouard-Alfred Martel déclare : « Comme le gouffre était anonyme, je décidai, séance tenante, qu’il s’appellerait l’Aven Armand. »